Adapter une bande dessinée au cinéma n’est pas un exercice nouveau, mais il est toujours délicat. Si l’auteur travaille sur l’adaptation, les chances de ratage sont moindres (l’excellent Persépolis de Marjane Satrapi), mais pas inévitables. Sans l’auteur d’origine, le résultat est souvent décevant.
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Dane DeHaan et Cara Delevingne se demandent où est passé le scénario dans Valérian et la Cité des mille planètes de Luc Besson (2017) |
Les Aventures de Spirou et Fantasio a fort à faire avec son héritage : Spirou a 80 ans ! Il a été créé en 1938 par le Français Robert Velter (dit Rob-Vel) qui imagine un groom travaillant dans au Moustique Hôtel. « Moustique » deviendra le journal où travaille Fantasio.
La création est ensuite rachetée par Dupuis en 1939. Après l’intérim de Jijé (1943-1946) qui imagine Fantasio, Dupuis confie le personnage à un dessinateur, un certain Franquin.
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André Franquin, qui a amené la série à son âge d’or |
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Alexandre Coffre, réalisateur de Les Aventures de Spirou et Fantasio |
Les Aventures de Spirou et Fantasio, le film : Un excellent casting
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Fantasio (Alex Lutz) et Seccotine (Géraldine Nakache) dans Les Aventures de Spirou et Fantasio, réalisé par Alexandre Coffre (2018) |
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Charlotte Gabris (Marie), Ramzy Bédia (Zorglub), et Vincent Desagnat (Claude) dans Les Aventures de Spirou et Fantasio |
Placées au second plan, ces saynètes apportent une touche d’humour savoureuse (Franquin aimait placer des personnages récurrents dans des intrigues secondaires, comme le chat et la mouette rieuse de Gaston).
Côté personnages, Les Aventures de Spirou et Fantasio coche donc la case avec brio.
Quelle histoire raconte-t-on ? Evoquer le passé des héros aurait pu être une bonne idée, car c’est un point qui est absent des albums. Le film raconte donc une histoire originale. Le scénario dit comment Spirou et Fantasio se sont rencontrés et ont été amenés à travailler ensemble.
Les Aventures de Spirou et Fantasio tombe donc d’emblée dans un récit stéréotypé, avec les petits clins d’œil aux fans de la BD pour bien montrer où on est (une posture systématique des récents films de super-héros, qui peut marcher, mais finit par lasser).
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Thomas Solivéres (Spirou) et Alex Lutz (Fantasio) dans Les Aventures de Spirou et Fantasio |
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Le Professeur Champignac (Christian Clavier) dans Les Aventures de Spirou et Fantasio |
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Thomas Solivéres (Spirou) dans Les Aventures de Spirou et Fantasio |
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France, 1809. Alors qu’il vient de demander la main de Pauline Beaugrand, fille d’une bonne famille, le capitaine des hussards Neuville reçoit l’ordre de partir au front. C’est la campagne d’Autriche, celle d’Essling et de Wagram.
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Bataille de Wagram, 6 juillet 1809, tableau d’Horace Vernet (1836) |
Le sujet est intemporel. Des arnaqueurs, des usurpateurs, des mythomanes ; il y en a à toutes les époques. Mais le mérite de Le Retour du héros est de rappeler, sous couvert d’un film en costumes, que l’imposture adore le temps de guerre. Nous sommes à une époque où les choses vont vite (on est 20 ans après la chute de la Bastille, 15 après celle de Robespierre et on en est au 5e régime politique depuis la chute du roi !) et où il n’existe pas de téléphones ni de réseaux sociaux. Un imposteur de génie peut donc prospérer en toute impunité et raconter des salades grosses comme des éléphants sans risquer d’être contredit par une recherche sur smartphone. La belle époque !
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Le capitaine Neuville (Jean Dujardin, au centre) dans Le Retour du héros de Laurent Tirard (2018) |
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Roxane (Anne Brochet) dans Cyrano de Bergerac, d’après Edmond Rostand, de Jean-Paul Rappeneau (1990) |
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Rossy de Palma et Toni Collette dans Madame de Amanda Sthers (2017) |
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Le Dr. Watson (Ben Kingsley) et le faux Sherlock Holmes (Sir Michael Caine) dans Élémentaire, mon cher… Lock Holmes, réalisé par Thom Eberhardt (1988) |
Raison et sentiments
Neuville, c’est aussi la figure du double. En effet, s’il existe bien un vrai capitaine Neuville, il en existe un autre ; celui créé par Élisabeth. Le double ainsi créé révèle en creux le vrai Neuville, reflet du peu d’estime que lui porte la créatrice. Le « héros » dont Pauline lit les exploits – franchement rocambolesques même si l’adjectif n’existe pas encore en 1809 ! – est courageux, intrépide, altruiste, intelligent, désintéressé et il sait nager !
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Monsieur (Christian Bujeau) et Madame Beaugrand (Évelyne Buyle) sont sous le charme ! |
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Élisabeth (Mélanie Laurent) dans Le Retour du héros |
L’Arnacoeur
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Neuville (Jean Dujardin) et Pauline (Noémie Merlant) dans Le Retour du héros |
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Élisabeth (Mélanie Laurent) doit jouer serré avec Neuville (Jean Dujardin) dans Le Retour du héros |
Mélanie Laurent impeccable
De son côté, Mélanie Laurent réalise une splendide partition. Somptueuse en tenue d’époque, c’est surtout par sa répartie qu’elle impose son personnage. En cela, elle évite l’anachronisme que serait une femme trop indépendante. Mais, elle place Élisabeth dans l’héritage des salons des Lumières où les femmes brillaient par leur esprit. À elle revient l’humour acide et pince-sans-rire. Par son maintien assez raide, elle montre qu’Élisabeth est en position un peu fausse au sein de sa famille et de la société. À tout moment, l’actrice se montre éminemment juste. Placide, tranquille, à l’affût ou agressive mais aussi tendre ou émue, elle varie son jeu avec souplesse et à-propos. On ne lui connaissait pas un tel potentiel comique mais on en redemande !
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Élisabeth (Mélanie Laurent) et Neuville (Jean Dujardin) dans Le Retour du héros |
Le problème avec un film si bien écrit c’est justement son écriture car comment le terminer ? Visiblement, Laurent Tirard s’est posé la question mais sans pouvoir donner une réponse satisfaisante. Comment ne pas rompre trop abruptement la narration ? Face au choix effectué, le spectateur a deux possibilités. Se dire que ce n’est pas très convainquant ni crédible. Ou, comme Élisabeth, choisir d’en rire.
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Cher Père Noël,
Cette année, je m’interroge. Parviendrai-je encore à m’émerveiller devant un film de Noël ? D’en avoir tant vu, du Miracle sur la 34e rue au Noël de monsieur Jack, en passant par La Caverne de la rose d’or, diffusé 1532 fois sur M6, je me demande si l’émerveillement de mes premières années reviendra un jour.
Je suis allé voir Santa & Cie d’Alain Chabat pour me détendre.
Alors oui, on sourit de temps en temps, davantage par lassitude que par conviction. Les acteurs s’épuisent à nous intéresser à cette histoire plus que banale. La bande-annonce n’était déjà pas réjouissante, les quelques gags en plus dans Santa et Cie ne suffisent pas.
Père Noël, aura-t-on un jour en France un film de saison digne de ce nom ? N’en as-tu pas assez de voir tant d’hommes t’incarner si mal au cinéma ? Ne pourrais-tu pas intervenir, casser les murs de Hollywood, ou gifler les réalisateurs français et rétablir enfin la vérité sur qui tu es et ce que tu es ?
Mal réalisé, assez mal dirigé, Santa et Cie m’a davantage déprimée que fait rire. Il n’y a guère que le passage sur l’argent qui m’ait donné un peu d’espoir, et m’a rappelé le joli film de Colline Serreau, La Belle verte, où l’actrice-réalisatrice questionnait déjà l’omniprésence de l’argent et la futilité de la société de consommation.
Doit-on attendre le talent de Pixar pour nous offrir un film de Noël qui émeuve petits et grands ?
Jeux de mots niveau Carambar, enjeu dérisoire (les lutins du Père Noël ont besoin de vitamines) Alain Chabat ne tenait même pas de bonne idée pour ce film où il semble juste faire mu-muse avec des effets spéciaux. On se demande ce qu’Audrey Tautou, Pio Marmai, Golshifteh Farahani, et même mon cher Bacri, sont venus faire dans cette galère.
Cher Père Noël, fais en sorte que je m’émerveille encore, avec de nouveaux films, même si j’en ai déjà vu plus que ton ciel compte d’étoiles.
Billie Jean King, championne de tennis, veut gagner autant que ses homologues masculins.
Scandale !
Découvrez Battle of the Sexes, film qui donne du courage et réveille l’optimisme de tous les défenseurs de l’égalité des droits…