avoir réalisé « Les adoptés » et deux courts
métrages (« De moins en moins » et « A ses pieds »)
Respire est le second long métrage de Mélanie Laurent.
Un sujet délicat traité avec finesse
réalisatrice traite le sujet délicat de l’adolescence en peignant
la relation complexe entre deux jeunes filles. La première, Charlie
(Joséphine Japy) lycéenne sans histoires, dont le visage
mélancolique semble exprimer la banalité de son existence, jusqu’à
l’arrivée d’une nouvelle élève: Sarah (magnifique Lou de Laâge).
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Joséphine Japy et Lou de Lâage dans Respire, de Mélanie Laurent |
seconde respire l’assurance et la confiance en elle. Elle va
illuminer la vie de Charlie par son aura. Belle, souriante, pleine
de vie et mature, Sarah va bouleverser le quotidien de Charlie, qui
paraissait si terne. Une amitié fusionnelle et brève va naître
de cette rencontre.
le comportement de Sarah va vite changer pour ne devenir que
froideur et arrogance. A mesure que la jeune fille dévoile son côté
sombre, le film monte en puissance et en tension jusqu’à la scène finale,
d’une grande intensité.
Des personnages secondaires trop peu développés
Japy et Lou de Laâge portent le film sur leurs épaules, tant les
autres personnages sont secondaires et peu développés. C’est notamment le cas de Laura, interprétée par Claire
Keim.
Ce qui est frappant, c’est le peu de place laissé aux hommes. Le
père de Charlie est présenté comme instable et volage, et celui
Sarah n’est tout simplement jamais mentionné. Dans ce portrait de
femmes, les hommes semblent transparents.
Les amitiés féminines destructrices au cinéma
Cet
univers totalement féminin rappelle celui du film Cracks de
Jordan Scott (2008) avec la sublimissime Eva Green. Ce film traitait
également les manipulations et rivalités entre femmes à travers
le portrait de jeunes filles dans un pensionnat.
nombreux films ont abordé l’adolescence et ses relations
conflictuelles, comme Thirteen de Catherine
Hardwicke, qui conte également l’histoire d’une étudiante modeste
et classique qui se retrouve prise dans une spirale infernale
(drogues, alcool) suite à sa rencontre et sa fascination une
nouvelle venue dans l’école.
Dans Créatures Célestes, Peter Jackson, bien avant la trilogie du Seigneur des anneaux, parlait d’une amitié féminine passionnée qui poussait au crime, dans un film qui révéla Kate Winslet.
Dans un style proche de Chabrol, Je te mangerais proposait une amitié féminine emplie de manipulation et qui virait à la relation amoureuse dévorante.
force de Respire se
trouve non pas dans son scénario mais dans le jeu de ses
actrices, qui arrivent avec justesse à transmettre
les émotions dans cette relation toxique qui paraît sans issue.
Un film manichéen et un peu long
Le
film n’est cependant pas exempt de défauts. Le début comporte
quelques longueurs mais surtout, on peut lui reprocher le côté un
peu trop manichéen des personnages: d’un côté la « gentille »
Charlie, de l’autre « la mauvaise » Sarah. Le personnage de
Sarah manque clairement de nuances, et aurait mérité d’être mieux
approfondi. Son triste environnement familial est légèrement
abordé (Une mère alcoolique et violente et un père aux abonnés
absents) et il est assez frustrant de ne pas en savoir davantage.
film se base (trop?) sur le perception et le point de vue Charlie.
Cela donne l’impression que la réalisatrice a un parti pris. Elle
semble par moments juger le personnage de Sarah, qui se montre d’une
immense cruauté sans raison apparente.
Respire: un film d’actrices
diriger d’autres acteurs. La sensibilité avec laquelle elle aborde
le thème de la manipulation est remarquable. C’est sans mièvrerie
et toujours avec beaucoup d’intelligence. Respire apporte une
bouffée d’air frais comparé à toutes les productions françaises
sans âme qui sortent en ce moment. Rien que pour la découverte des
deux jeunes actrices, le film vaut la peine d’être vu.
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