ironique pour conter l’histoire d’un meurtrier nécrophile.
nous propose James Franco pour son nouveau film. Original, tant par
la trame que par la forme, superbement tourné et interprété, Child
of God, à cause de son thème, peut-être, a pourtant fait un flop Outre-Atlantique.
Une réalisation
audacieuse
jeu de Scott Haze est terrifiant.
bout en bout. Si son jeu était moins bon, l’ensemble tournerait au
ridicule. Si la réalisation était moins maîtrisée, le film
tomberait dans le sordide.
offre une réalisation audacieuse, au réalisme cru, façon caméra
au poing, qui rappelle parfois la caméra amateur.
contre-plongée sont dignes des plus beaux westerns. Les plans d’ensemble,
le bel usage de la caméra subjective, le montage et les ellipses
(écrans noirs) rythment le film de façon inattendue.
lumière et de la mise en scène évitent tout sensationnel, tout
dégoût du spectateur. L’obsession de la lumière parfaite
évoquerait même Bergman. Certains plans, comme la femme dénudée au
début du film et les panneaux pour indiquer la trame,
rappellent les films muets et les BD façon western.
des meilleurs road movies.
découvrir que Child of God est à l’origine un roman, du même
auteur que The Road, Cormac mc Carthy.
possédait une photographie plus grise, plus monochrome. On trouve
dans les deux œuvres la lutte d’un homme pour sa survie.
Chers frères Coen
à celle des frères Coen, notamment dans No Country for Old Men,
et à celle de Tommy Lee Jones pour Trois Enterrements.
Mais
l’image de Child of God est plus sobre, dans les tons froids,
quand le film des frères Coen et celui de Jones étaient plus
solaires, et se rapprochaient du western traditionnel. On reconnaît
aussi des frères Coen ce qui était moqué dans Fargo :
l’incompétence des policiers locaux et leurs conversations creuses.
BA de Child of God:
que l’ont doit la splendide photographie de Child of God. Elle
avait œuvré pour 127 heures de Danny Boyle et Tandis que j’agonise,
déjà en collaboration avec James Franco.
Une peinture abrupte
de l’Amérique profonde
James Franco faisait déjà preuve d’un goût prononcé pour
l’Amérique profonde, sa dimension abrupte et inhospitalière.
l’accent de l’Alabama, son argot, ses formes contractées (la
négation, notamment) rien n’est laissé au hasard. Oubliée, la caricature de la Virginie dans Blue Ruin. Après la Pontiac bleue du film de Jeremy Saulnier, on découvre une Pontiac rouge et blanche, où Lester rencontre sa première
victime.
révèle l’une des grandes obsessions américaines : le droit de
propriété, évoqué aussi dans The Homesman, toujours de Tommy Lee Jones. La bande originale country évite toute caricature. Quelques
notes de banjo suffisent, comme il ne fallait à Steinbeck que
quelques mots pour croquer un personnage, le décor, l’atmosphère de
l’Amérique de son temps.
La démence émouvante
Haze rappelle celle de Kevin Bacon dans Meurtre à Alcatraz :
il parvient à exprimer tous les degrés de la folie. Son
humanité, sa vérité crèvent l’écran.
dans sa démence. Demeuré et violent, fragile et perdu, le mot child
du titre est à prendre au sens littéral. La scène des peluches est très révélatrice. James Franco nous explique par l’image
que le psychopathe traite les objets comme des gens, et les gens
comme des objets. Il faut déshumaniser l’autre pour lui tirer
dessus, c’était l’une des leçons apprises dans le Full Metal Jacket
de Kubrick.
On assiste, dans une réalisation sans fard, à ses ébats sexuels
avec les jeunes femmes qu’il assassine. On se surprend, et c’est le
génie du film, à comprendre le personnage plutôt que le juger,
tant James Franco nous fait entrer avec finesse dans sa psychologie.
pour des personnes véritables.
Si bien que, quand il perd l’une de ses victimes et l’un de
ses jouets en peluche dans un incendie, on éprouve la sensation
qu’il a perdu une femme et un fils. Le film, cependant, ne cherche
pas d’excuses au protagoniste. En fin de film, il est présenté en Barbe-Bleue
moderne, dans une caverne au noir bleuté où il aligne ses
victimes.]
Un film dérangeant
presque comiques, d’autres touchantes. Le film
est dérangeant car il met le spectateur face à ses paradoxes. On se
surprend à s’attacher à Lester, le pervers, celui que la presse et
la télévision nous feraient haïr sans effort. Plutôt qu’en
prédateur (terme souvent utilisé dans les médias pour qualifier un
psychopathe) Lester apparaît en animal traqué. On suit, avec
émotion, la trajectoire d’un homme brisé, et l’on assiste,
impuissant mais quasi solidaire, à ce que la solitude peut faire aux
Hommes.
À lire aussi: THE HOMESMAN: LE WESTERN BOULEVERSANT DE TOMMY LEE JONES
THE SALVATION: À L’OUEST, RIEN DE NOUVEAU
UN ÉTÉ À OSAGE COUNTY: QUELQUE CHOSE DE TENNESSEE
BLUE RUIN: PETITS MEURTRES ENTRE PLOUCS
2 commentaires pour l’instant
ronniePublié le 8:02 - Oct 19, 2014
Le sordide one-man show du saisissant Scott Haze n'est pas à mettre devant tous les yeux …..
MarlaPublié le 8:21 - Oct 19, 2014
Je suis d'accord. Mai c'est tout de même un bon moment de cinéma…