Simpson a écrit un scénario, un jour.
Ça parle
d’un robot-tueur moniteur d’auto-école qui voyage dans le passé,
on sait pas trop pourquoi.
Son meilleur ami est un gâteau
qui parle.
fait son cinéma, » Les Simpson, saison 10, épisode
5)
dans Réalité, propose un peu le même genre de scénario
à un producteur.
Tout
à coup, on sait pas trop pourquoi, les télés deviennent méchantes.
Elles envoient des ondes qui rendent idiot. Plus les gens deviennent
idiots et plus ils regardent la télé.
pensez que ce n’est pas de la fiction ? Moi non plus. Je n’ai plus de
téléviseur depuis 97.
y a une seconde partie au scénario.
Ensuite,
les ondes deviennent plus puissantes et finissent par tuer les gens.
producteur a l’air emballé. Oui, mais voilà. Il veut un gémissement
que pousseraient les victimes des ondes démoniaques. Un gémissement
exceptionnel, digne de l’oscar des gémissements.
Jason, plutôt que de se mettre en quête de la toison d’or, se lance
à la recherche d’un gémissement parfait pour son film.
Le dernier cri
Ça vous rappelle quelque chose ?
Dans Blow Out, de Brian de Palma, Travolta cherchait lui aussi un cri parfait pour un film de série Z.
Bienvenue à Videodrome (Attention Spoilers)
Le cinéma dénonce souvent la nocivité de la télé. Celui qui a été le plus loin, c’est Cronenberg, en 1983.
Videodrome, c’est le scénario de Jason devenu réalité. La télévision commence par rendre fou les spectateurs avant de les manipuler et les tuer.
Dupieux nous dit, d’une manière très littérale, qu’un film sort des tripes.
L’antre de la folie
Mais le film de Quentin Dupieux fait rire. Il est burlesque, délirant… et passionnant.
Une métaphore du cinéma
La métaphore du cinéma ne s’arrête pas là. Reality est une occasion pour Dupieux de plaider la cause des auteurs. Ils répondent aux exigences absurdes des producteurs (le gémissement introuvable) courent après les honneurs (l’oscar) et vivent dans la crainte qu’on leur vole leur idée.
Jason vit ainsi le pire cauchemar d’un réalisateur: découvrir que son film a déjà été fait par un autre. Cette scène surréaliste où il voit son propre film avec sa femme suggère, par ailleurs, que le producteur ait pu le trahir: aurait-il donné son idée de scénario à un autre cinéaste ?
Le film aborde aussi l’éternelle quête de perfection du cinéaste. L’épouse de Jason se moque de lui en disant que Kubrick ne réécoutait pas en boucle des gémissements pour réaliser ses chefs-d’oeuvre. Elle oublie de dire qu’il faisait faire un nombre incalculable de prises à ses acteurs jusqu’à atteindre son objectif.
A propos d’acteurs, Alain Chabat est hilarant dans ce rôle qui lui va si bien. Jonathan Lambert est très convaincant dans cet univers absurde. C’est un plaisir de retrouver Elodie Bouchez dans le rôle de sa femme psychanalyste. John Glover est épatant en cinéaste excentrique et la jeune Kyla Kennedy est prometteuse.
Si le film de Dupieux est tordant (et tordu) il n’en est pas moins mélancolique: la vidéo bleue finit à la poubelle, sans autre procès. Tout ce travail, en somme, pour rien, alors qu’il sortait (littéralement) des tripes.
Dans une réalisation étonnante et maîtrisée qui évoque à la fois Edgar Wright (pour les gags délirants) et Jeunet (pour l’étrangeté) Dupieux nous invite au rêve et à la réflexion sur la condition du cinéaste.