Nanar hilarant
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Chris Pratt dans Passengers, de Morten Tyldum |
Michael Sheen ?!
Et là, je me suis figée. S’agirait-il de Michael Sheen ? LE Michael Sheen ? Celui qui jouait Tony Blair dans The Queen et David Frost dans Frost/Nixon, l’acteur que je venais de voir dans l’excellent Nocturnal Animals ?
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Arthur l’androïde barman (Michael Sheen) et Chris Pratt dans Passengers |
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Jack Nicholson et Joe Turkel dans Shining, de Stanley Kubrick (1980) |
Et heureusement qu’il y a le barman, parce que sinon, le pauvre petit Chris Pratt se sentirait bien seul pendant les 90 années qui lui restent de voyage.
Rom-com intergalactique
Il finit d’ailleurs par se sentir très seul. Il se dit « Une meuf, ce serait bien. » Tant qu’à réveiller une voyageuse, autant choisir la plus sexy.
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Jennifer Lawrence (Aurora) dans Passengers |
Il condamne ainsi Aurora, « écrivain » en devenir, à passer le reste de sa vie avec lui, sans lui demander son opinion. Et ça, c’est pas bien.
Mais en attendant qu’elle découvre le pot aux roses, place à une amourette. Ah, j’ai oublié de vous dire : il y a aussi une piscine olympique, sur le vaisseau, et Jennifer Lawrence a pensé à son maillot de bain, blanc et transparent, de quoi réveiller le spectateur. Elle est restée en hibernation pendant 30 ans, mais elle a gardé un maquillage impeccable. Les deux tourtereaux ont même pensé à la tenue de basket.
Mais ce n’est pas tout. Il faut maintenant courtiser la donzelle. Ça tombe bien, on trouve aussi un restaurant français dans le vaisseau, avec des robots-serveurs qui parlent français et tout.
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Les tourtereaux intergalactiques |
Le restaurant est décoré de plusieurs lustres en cristal. Espérons que le vaisseau ne soit jamais frappé par une météorite… Aucune importance, le brushing de Jennifer Lawrence resterait impec.
Jim joue même au piano pour chanter la sérénade à sa nouvelle fiancée. Et ils vont au cinoche, avec du pop corn. D’où sort le pop corn ? Mystère.
D’où sort la peinture pour donner un coup de jeune au robot parce qu’il s’en est pris plein la gueule ?
Publicité mensongère
Passengers m’a valu mon fou rire de l’année. Mieux que Dany Boon. Mieux que n’importe quelle comédie que j’ai vue cette année. Comme quoi, pour une belle tranche de rigolade, rien ne vaut un nanar qui s’ignore. Quand un film atteint comme ça des sommets d’absurde, ça déclenche chez moi des fous rires impossibles. Heureusement que j’étais allée seule en salle, et que je n’ai foutu la honte à aucun de mes potes.
Des acteurs mal dirigés
Chris Pratt, d’emblée, n’est pas crédible dans le rôle. En même temps, Chris Pratt dans le registre de l’émotion, c’est comme imaginer Jean-Claude Van Damme dans un film de Ken Loach : c’est dur.
Vu que la première partie du film ne tient que sur un acteur, et qu’il est mauvais, le film se casse vite la gueule.
Jennifer Lawrence est meilleure que lui, bien sûr, mais on se demande un peu ce qu’elle est venue faire dans cette galère intergalactique. Elle ne sauve pas Passengers du naufrage.
Je n’ose pas parler de Laurence Fishburne, Morpheus de Matrix, qui n’a même pas le bon goût de nous dire que tout ceci n’est qu’un rêve.
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Laurence Fishburne dans Passengers |
Il faut dire que les acteurs sont particulièrement mal dirigés, et que la mise en scène est navrante. Quelle horreur de la part de Morten Tyldum, aux manettes de la réalisation, plutôt bonne, de Imitation Game. Ça sent le film de commande… Il n’empêche que l’ensemble est très mal filmé, avec des gros plans grotesques, notamment sur le visage de Chris Pratt en tenue de cosmonaute…
Une recette hollywoodienne
Voilà les recettes de Hollywood : prenez deux acteurs en vogue, appelés « bankable » (terme ô combien détestable pour les artistes) enfermez-les dans un vaisseau spatial et écrivez un scénario de trois lignes. Vous verrez toujours des milliers de midinettes pour se presser dans les salles de cinéma.
Si voulez voir une rom-com avec Jennifer Lawrence et Chris Pratt qui font mumuse dans l’espace, Passengers est fait pour vous. Pour les autres, allez voir un bon film.