J’attendais beaucoup du film Les Invisibles de Louis-Julien Petit. En effet, je suis fan de son premier film, Discount, au point de l’avoir interviewé à l’époque.
Discount était meilleur
Les Invisibles avait a priori tout pour me plaire : un film social, apparemment drôle, on est au casting intégralement féminin ou presque.
Discount avait un discours fort, le film était rythmé et constamment drôle. Il pouvait se résumer en trois points saillants :
– Le gâchis élémentaire est un scandale
– Une épicerie solidaire–donc une économie alternative–est une bonne idée.
– Les courageux qui entreprennent des actions d’économie alternative sont injustement punis.
Un simple constat
Dans Les Invisibles, Louis-Julien Petit se contente d’un constat : si les SDF sont les oubliés de la société, les femmes SDF le sont encore davantage.
Dans ce film chorale, Louis-Julien Petit ne fait qu’effleurer les vies de ces femmes, qu’elles soient sans-abri ou membres de l’Envol, association qui les accueille. À vouloir tout dire, entre vie professionnelle et vie privée des membres de l’association, passé et présent des bénéficiaires, Louis Julien Petit nous permet tout juste de nous attacher à ces femmes mais jamais vraiment de les connaître.
Bien des personnages avaient l’air intéressants (Julie, Dalida, Catherine Lara, etc.) et sont à peine évoqués.
Le film, et lasse, s’avère plus déprimant que drôle. Il n’est pas évident, bien sûr, de faire rire avec un tel sujet, mais c’était pourtant la promesse des invisibles. Un morceau de disco pour cacher la misère–dans tous les sens du terme–ne suffit pas.
on pourra lui préférer non seulement discount, mais aussi le grand bain, succès populaire récent.
Des actrices épatantes
Les actrices des Invisibles, bien sûr, sont épatante : en plus première ligne, rien d’étonnant, Corinne Masiero, qui d’un seul regard en dit long sur son propre passé dans la rue. On retrouve également une autre actrice fétiche du réalisateur, Sarah Succo, qui offre une prestation tout en finesse d’une jeune fille perdue. Il est également agréable de retrouver Audrey Lamy, qui avait déjà un rôle intéressant dans Polisse de Maïwenn. Deuxième rôle marquant par ailleurs de Déborah Lukumuena, déjà prometteuse dans Divines. Noémie loge qui confirme également son talent dans les rôles nuancés. Enfin, c’est un plaisir de retrouver Pablo Pauly après son excellent rôle dans Patients, de Grand corps malade.
Mention spéciale pour ses femmes du film qui ne sont pas des actrices, mais de vrais sans-abri qui ont accepté de participer au tournage. Ces visages et ces voix ne s’oublient pas.
J’aurais aimé, sans doute, un discours plus politique derrière ce film quasi documentaire : qu’en est-il de la responsabilité des politiques ?
Je terminerai avec une interview de Corinne Masiero qui dénonce les conditions de vie des femmes SDF :
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