pensiez que Hunger Games était pompé sur Battle Royale ?
Détrompez-vous. Les deux auteurs ont en réalité copié un roman
jeunesse des années 50, devenu une référence de la dystopie
adressée aux jeunes lecteurs. Sa Majesté des mouches
de William Golding est en effet étudié dans les écoles
depuis des décennies.
Collins, auteur de Hunger Games, avait au moins l’honnêteté de
dire que sa trilogie s’inspirait à la fois de Golding et
d’Orwell.
une île, livrés à eux-mêmes, et raconter ce qui se passe. Dans
Battle Royale, l’auteur transformait l’idée de Golding en combat à
mort organisé par les écoles japonaises.
un jeu télévisé dans de nouvelles arènes romaines.
Golding, on insère vaguement une histoire de labyrinthe avec des
monstres dedans, et on ajoute une fille à la bande de gars, car il
ne faudrait pas vexer le public féminin : il rapporte autant,
voire plus, que les garçons. Et puis, il faut bien saupoudrer le tout de romance pour créer un suspense à faire soupirer les jeunes
filles.
De
Lord of the Flies à « Lord of the Fleas »
guerre des chefs attendue et à des rituels barbares. Golding
prouvait déjà que des enfants livrés à eux-mêmes, après avoir
tenté un semblant de civilisation, revenaient vite à l’état
primitif. Le Labyrinthe n’invente rien, ne va pas plus loin
que l’œuvre de Golding, et la ferait même régresser. Le petit
obèse, Chuck, est une réplique exacte du Piggy de Golding, si ce
n’est qu’il n’est pas martyrisé par ses camarades.
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Chuck (Blake Cooper) dans Le Labyrinthe |
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Piggy face à Ralph dans le Sa Majesté des mouches de 1963, réalisé par Peter Brook |
La photographie
du film, ses couleurs estivales et ses décors pseudo-sauvages sont
un copier-coller de l’adaptation cinéma de Harry Hook, L’Ile Oubliée, sortie en 1990.
s’attacher aux personnages change cette majesté des mouches (lord of
the flies) en majesté des puces (lord of the fleas.) Je veux dire
par là que le film gratte, qu’il agace, et se contente de sautiller.
nouveaux enfants perdus
des mouches. Il faut revenir à d’autres enfants perdus sur une île.
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Les enfants perdus dans Peter Pan, de PJ Hogan (2003) |
proche de la description originale de Peter Pan.
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Couverture d’une édition de Peter Pan |
visage d’ado qui a gardé ses traits d’enfants, le petit garçon
amoureux dans Love Actually :
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Thomas Brodie-Sangster dans Love Actually, de Richard Curtis (2003) |
Un cinéma formaté
n’oublie pas d’intégrer dans sa trame des éléments qui ont fait le
succès des films récents pour la jeunesse.
Le choix des acteurs, d’abord.
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Dylan O’Brien est Thomas dans Le Labyrinthe |
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Brenton Thwaites est Jonas dans The Giver |
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Kristen Stewart, héroïne de Twilight |
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Kaya Scoledario est Teresa dans Le Labyrinthe |
Un labyrinthe peut en cacher un autre
Au-delà des personnages, on découvre d’autres éléments du Labyrinthe empruntés aux œuvres récentes pour la jeunesse.
Le plus évident est peut-être Harry Potter.
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Le labyrinthe comme troisième épreuve des champions dans Harry Potter et la coupe de feu, de Mike Newell (2005) |
Les murs du labyrinthe de Thomas et ses amis bougent, comme le escaliers de Hogwarts dans la saga Potter.
Mais ils bougent de façon mathématique, ce qui permet aux coureurs de savoir comment la grande machine fonctionne.
Les jeunes sont enfermés aux portes d’un labyrinthe sans savoir pourquoi. Le slogan du film pourrait être « Ne cherchez pas une raison. Cherchez une issue. » Ah, non. Ce slogan-là est déjà pris.
Dans Cube, film claustrophobique et ingénieux (décor unique, utilisé avec brio) six
personnes se réveillent prisonnières d’un cube géant, dédale
meurtrier dont il faut sortir à tout prix.
Les personnages parlent des créateurs du Cube à coup de « ils » et de « eux. » On ignore pourquoi ils sont jetés là.
Dans Le Labyrinthe, ce sont à nouveau les adultes qui tuent les enfants, comme dans Hunger Games.
Alby dit à Thomas de se souvenir de l’ennemi véritable, et c’est le conseil de Haymitch à Katniss dans le deuxième volet de Hunger Games. On retrouve dans le teen movie de Wes Ball la valeur courage, mise en exergue dans toutes les dystopies de ces dernières années.
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Le labyrinthe imaginé par Jim Henson pour son film de 1986 |
Le
labyrinthe pseudo-sombre de Wes Ball peut enfin rappeler Le
Labyrinthe de Pan, sans lui arriver à la cheville.
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Ofelia (Ivana Baquero) aux portes du labyrinthe de Pan, dans le film de Guillermo del Toro (2006) |
Oh, les grosses bê-bêtes
Labyrinthe. Jusqu’aux monstres du dédale, les Griffeurs.
un soupçon d’Alien:
Et un côté monstre-robot dans Edge of Tomorrow, lui-même copié sur les extra-terrestres de Starship Troopers:
le labyrinthe ? Pour ajouter du suspense à une histoire
creuse ? Pas seulement. Les monstres sont là pour que les
garnements se tiennent tranquilles, et c’était déjà
l’idée-phare du film de M. Knight Shyamalan, Le
Village (2004):
somme, Le Labyrinthe est une énième dystopie adolescente, et
elle est ratée. Vraiment ratée. Mal interprétée et bourrée
d’incohérences. Si l’on espère que le bouquin est meilleur,
on n’ose plus trop tenter le coup après ces deux heures
laborieuses d’un scénario qui sent le déjà vu à plein nez.
5 commentaires pour l’instant
Mes Mots En 16/9Publié le 1:37 - Oct 22, 2014
Plutôt d'accord avec ton article, on sent vraiment toutes les influences possibles et imaginables des derniers Teen Movies cinés et séries. Si on prend le film en lui même, j'ai trouvé les passages de cette "communauté" dans le bloc plutôt moyen et très peu crédible, par contre les scènes dans le labyrinthe sont quand même bien foutues et le mystère qui entoure cet endroit (un peu à la façon Lost) ainsi que l'histoire de façon générale sait attiser notre curiosité. maintenant là ou Hunger Games dresse (ou prétexte) un portrait critique de la société, Le labyrinthe lui, n'a aucun message de fond, pour le moment en tout cas, peut être que cela sera amener dans la suite du film.
MarlaPublié le 6:38 - Oct 22, 2014
Je n'ai jamais regardé la série Lost, mais on m'en parle beaucoup. Beaucoup de ceux qui aiment les livres m'ont conseillé de m'y mettre, ou d'attendre les films suivants… A suivre, donc.
Bonnes séances !
Marla
AnonymePublié le 6:16 - Nov 22, 2014
Avant de dire que le film pompe d'un peu partout faut peut être lire les livres, tous vient de là ! C'est vraiment chercher la petite bête partout ! Je trouve que la critique est dure, c'est vrai qu'il y a des éléments de ressemble de temps en temps mais il n'allait pas refaire un film complétement différent du live juste pou que, par exemple il n'y est pas de ressemblance avec "Le Village". De plus, c'est dans les prochain volume que l'histoire devient plus qu'intéressante que l'on commence à voire se dessiner de vraies problématiques sur la société. Bref je trouve simplement que votre article est un peu là juste pour critiquer mais je respecte votre avis. Sur ce,. bonne fin de journée
AnonymePublié le 10:45 - Fév 24, 2015
Plutôt d'accord avec ton analyse, mais – dans le genre film pour ado – j'ai trouvé Le labyrinthe plutôt bien joué et distrayant contrairement à Hunger Games…
Marcorèle
MarlaPublié le 3:31 - Fév 25, 2015
Tiens, c'est drôle, je préfère de loin Hunger Games. Les deux premiers films sont pas mal du tout, mais le dernier opus est ennuyeux au possible.
Le 1er livre était prometteur, le. 2nd l'était moins mais le film était meilleur, plus politique.
Quant au 3ème livre, il est vraiment écrit avec les pieds, manque de contenu. C'est donc une grave erreur de l'avoir coupé en deux. Mais la machine à fric hollywoodienne n'a pas de limites…